La consigne
La consigne, chemin qui mène aux apprentissages
CONSIGNE: - Ordre donné pour faire effectuer un travail.
- Énoncé indiquant la tâche à accomplir ou le but à atteindre.
Concevoir une consigne de travail est une activité qui mérite une très grande attention, car de la qualité de la consigne dépend en partie la qualité du travail effectué
De plus, une même consigne peut être interprétée différemment par plusieurs individus : la lecture d'une consigne active des mécanismes de compréhension et d'interprétation qui permettent au sujet de construire une représentation de la tâche ou du but à atteindre. Si cette représentation n'est pas adéquate, la tâche ne sera pas exécutée correctement. La problématique de la compréhension des énoncés est une question centrale de la psychologie cognitive.
Pour s'assurer de la clarté d'une consigne, il faut essayer de vérifier si elle répond aux questions :
qui ? quoi ? quand ? où ? pour quand ? comment ? pourquoi ?
Pour vérifier qu'une consigne a bien été comprise, il faut la faire reformuler, éventuellement plusieurs fois.
S'il s'agit d'une consigne de travail rédigée, il faut analyser l'interprétation des consignes à l'issue de l'activité.
Dans une classe, on voit sans cesse les enseignants donner des consignes, et les élèves doivent sans cesse les exécuter. Pourtant, il arrive régulièrement que ces consignes ne soient pas suivies! Il en est de même des énoncés d'exercices ou des sujets de concours. Sur certains sujets du, on a observé, dans diverses disciplines, jusqu'à 30 % de copies hors sujet. D'où cela peut-il venir? Des élèves qui ne savent pas lire ce qu'on leur demande? Bien sûr... mais les maîtres et les manuels scolaires élaborent-ils les énoncés et les consignes avec suffisamment de rigueur?
Les consignes ne sont pas toujours suffisamment précises
Fiche 1 |
UNE CONSIGNE, CINQ TYPES DE RÉPONSES ! Dans un groupe d'enseignants en formation, le fait de donner une consigne formulée d'une manière classique permet d'obtenir des réponses bien différentes ! Répondez par écrit à la question: «Qu'est ce qu'un prédateur?» - «Pillard qui vit de proies. » (définition générale). - «Animal qui tue d'autres animaux pour s'en nourrir.» (définition plus biologique). - «Animal puissant, fort, le plus souvent armé de griffes, de dents ou d'un bec puissant. » (description). - «Permet l'élimination de rongeurs et d'oiseaux granivores. » (rôle écologique). - «Le loup, le tigre, les rapaces, les fourmis, l'huissier. » (exemples). Manque-t-il quelque chose à la consigne pour qu'elle soit si mal interprétée ? |
De nombreux enseignants, mais aussi des manuels scolaires, formulent très fréquemment les consignes de la même manière que dans la fiche 1. Alors, comment les modifier pour qu'elles deviennent plus pertinentes ?
Et si votre vocabulaire était inadapté ?
La compréhension d'une consigne dépend aussi beaucoup du vocabulaire employé.
Importance de la rigueur dans le vocabulaire utilisé
- La maîtresse : « On ne peut avoir d'enfant que lorsqu'on est grand. »
- Un enfant (6 ans): «Et les nains, ils ne peuvent pas avoir d'enfants ?»
(Différence entre grand et âgé).
Dans la phrase "Julie mange du chocolat", où est le sujet?»
- La maîtresse: «Le sujet est placé devant le verbe.
- Un enfant: «C'est "chocolat" qui est sujet... parce que le sujet est placé devant.»
(différence entre devant et avant: devant, quand on lit de la gauche vers la droite, c'est... à droite!).
On s'est aperçu que beaucoup de termes, habituellement utilisés dans les consignes données aux élèves, représentaient parfois une source de confusion ou d'incompréhension. Il en est ainsi des verbes:
faire analyser dire comprendre interpréter calculer caractériser | justifier commenter apprendre expliquer trouver résoudre imaginer | comparer compléter inventer savoir décrire déterminer construire... |
Il s'agit de verbes mentalistes qui ne sont pas assez précis. Il semble nécessaire, dans la mesure du possible, de les remplacer par des verbes exprimant des comportements mieux cernés. «Comparer» pourra devenir « noter par écrit, sous la forme d'un tableau, les éléments identiques et les éléments différents contenus dans... »
De plus, certains mots sont porteurs de plusieurs sens. D'une discipline à l'autre, ils peuvent même avoir une signification tout à fait différente.
À l'intérieur même d'une discipline, certaines confusions peuvent apparaître.
Fiche 2 |
DES INDICATEURS POUR ÉLABORER UNE CONSIGNE PLUS PRÉCISE Des indicateurs qui peuvent vous aider à élaborer une consigne avec plus de précision -Pourquoi ce travail? (quel intérêt pour l'élève). -Quoi faire? (ce que l'élève doit être capable de réaliser). -Comment faire, avec quoi? (dans quelles conditions matérielles, de temps...). -Jusqu'où, quel degré d'achèvement ou de réussite? (ce qu'il faut faire pour que le travail soit considéré comme terminé et conforme au but recherché). |
Pourquoi ce choix d'indicateurs? Traditionnellement, on se limite à informer l'élève de ce qu'il doit réaliser (deuxième indicateur). Les conditions dans lesquelles la tâche doit être menée sont souvent de l'ordre de l'implicite... et certains élèves échouent car ils n'ont pas intégré réellement les règles de fonctionnement imposées par l'enseignant.
De plus, le fait de préciser l'intérêt de la tâche permet à l'élève de la situer dans un projet. Nous avons déjà montré qu'apprendre une leçon impliquait que l'on sache ce qu'on allait nous demander d'en faire; il en est de même pour tout autre travail.
Et maintenant, si vous analysiez quelques-unes de vos consignes et quelques-uns de vos énoncés, à l'occasion d'exercices, de devoirs, de situations de formation... ?
Dans la pratique, prenez l'habitude d'écrire les consignes lors de la préparation de la situation d'apprentissage et, en classe, notez-les systématiquement au tableau.
Fiche3 |
POUR ANALYSER LA PERTINENCE DE VOS CONSIGNES Deux aspects sont à prendre en compte. · Votre consigne, votre énoncé, contiennent-ils tous les renseignements que l'élève doit posséder? · Quand on les lit, ne peut-on pas comprendre autre chose que ce que vous avez voulu dire? Pensez en particulier: Ø aux informations d'ordre pratique; Ø aux obstacles d'incompréhension de vocabulaire, de syntaxe; Ø à la méconnaissance d'un savoir dont on a besoin et qui n'est pas forcément en rapport direct avec l'objectif visé. |