Exploiter le texte, le paratexte,l'intertexte

Exploiter le Texte, le Paratexte, l'Intertexte

 

I- INTERROGER LA PERIPHERIE DU TEXTE

 

1-     Définition

 

La périphérie du texte est tout ce qui entoure le texte et n'est donc pas le texte. On l'appelle plus communément le paratexte.

 

Le paratexte est tout ce qui accompagne le texte, qui n'est pas écrit par l'auteur et que l'on ne peut pas évoquer comme partie du texte. Le paratexte n'appartient pas au texte, mais peut être utilisé comme première prise de contact avec lui.

 

2- Les composants du paratexte

a. Les références

·        Le nom de l'auteur ;

·        Le titre de l'œuvre d'où est extrait le texte ;

·        La date de parution de l'œuvre et l'édition.

 

Ces éléments peuvent servir à éclairer le texte. Ils donnent au texte un contexte dans l'histoire littéraire. Ils rattachent le texte à un mouvement littéraire ou à un événement historique. Par exemple, un texte écrit par un auteur algérien et daté de 1993 ne peut que porter des marques de la situation de violence dans laquelle vit le peuple algérien. Même si ce texte n'appartient pas à l'écriture de l'urgence, il en porte les stigmates.

 

b. Le titre du texte

 

Parfois le texte porte un titre qui a été donné non par l'auteur lui-même, mais par quelqu'un d'autre (l'auteur du manuel où est inséré le texte par exemple). Le titre éclaire le texte, mais cet éclairage lui est donné par quelqu'un d'autre que l'auteur.

 

Ainsi, faut-il le prendre avec beaucoup de précaution et surtout ne pas le considérer comme une partie du texte.

 

3- Le chapeau

 

Le chapeau est une petite introduction (imprimé en général en italique) qui précède le texte et en donne des informations nécessaires à la compréhension de l'extrait :

·     situation du texte ;

·     précision sur les personnages et sur l'intrigue.

 

Ces précisions permettent non seulement de comprendre certains éléments narratifs du texte mais aussi de situer le texte dans son contexte historique, littéraire ou biographique, d'en expliquer certains aspects.

 

Qu'il s'agisse de références ou d'un   paragraphe de présentation, le paratexte donne des informations nécessaires à la compréhension du texte.

 

N.B. : On peut lire et comprendre un texte même en n'ayant pas lu l'ouvrage d'où le texte est tiré. Ne pas connaître l'auteur et le courant littéraire auquel il appartient est plus gênant : cela nous prive de pistes de recherches.

        

Bien que le paratexte apporte souvent la possibilité d'émettre des hypothèses de sens, il a ses limites : en aucun cas on ne peut faire du texte un écho amplifié du paratexte. On ne peut pas se référer au paratexte comme on s'appuie sur le texte lui-même.

 

II- OUVRIR LES TEXTES VERS LES AUTRES TEXTES

 

1- L'intertextualité : Définition

 

On ne peut envisager un texte sans penser à ceux qui ont été écrits auparavant. En général tout texte est à différents degrés une     « réécriture ». En effet, les thèmes traités par les auteurs sont en nombre limité. Pourtant les textes développant ces thèmes sont infiniment variés car chaque auteur a sa façon originale de les dire en s'inscrivant dans une tradition pour l'imiter ou la rénover, la suivre ou la contester.

 

Tout texte porte en lui les traces d'un héritage culturel : à travers lui peuvent se déceler les influences dont il porte témoignage, consciemment ou inconsciemment. Ainsi, l'auteur construit   son   texte   en   exploitant,   volontairement   ou involontairement, des fragments de textes antérieurs. C'est cela l'intertextualité, notion mise en place par Bakhtine dans les années 20 et reprise par Kristeva dans les années 60. Dans Sémiotiké (le seuil  1969), Kristeva définit l'intertextualité comme une « permutation de textes » : « Dans l'espace d'un texte plusieurs énoncés pris à d'autres textes se croisent et se neutralisent ». Il ne s'agit pas, pour Kristeva, de plagiat ou d'imitation. C'est pourquoi lire un texte c'est l'ouvrir vers les autres textes qui ont participé à son tissage, sa construction. Lire un texte c'est retrouver dans sa textualité les traces de textes antérieurs, fragments disséminés. C'est lire l'intertexte.

        

Gérard Genette définira, après Kristeva, l'intertextualité de manière plus large. Dans Palimpsestes (Le Seuil) il désigne par transtextualité « tout ce qui met (un texte) en relation manifeste ou secrète, avec d'autres textes ». La transtextualité présente ' genres de relation :

·        L'architextualité : la relation qu'un texte entretient avec la catégorie générique à laquelle il appartient ;

·        La paratextualité : la relation d'un texte avec son paratexte (préface, exergues, postfaces, etc.) ;

·        La métatextualité : la relation de commentaire qui « unit un texte avec un autre texte dont il parle, sans nécessairement le citer (le convoquer), voire, à la limite, sans le nommer... C'est par excellence la relation critiquer ».

·        L'intertextualité : la relation de plagiat, citation, allusion.

 

2-     Les différentes formes de l'intertextualité

 

Par rapport à Kristeva, Genette donne de l'intertextualité une définition plus restrictive. C'est « la relation de coprésence entre deux ou plusieurs textes, (...) la présence effective d'un texte dans un autre ». Elle comprend :

 

·        La citation : Elle est la forme la plus explicite, la plus visible et la plus littérale de l'intertextualité. Elle est reconnue grâce à des codes typographiques : (emploi des guillemets, des caractères italiques, décalage de la citation...). La citation permet très souvent à l'auteur de situer l'œuvre dans un héritage culturel et d'indiquer au lecteur la tradition à partir de laquelle il doit lire le texte.

·        Le plagiat : C'est un emprunt non déclaré, mais littéral à un texte littéraire. Aucune référence n'est indiquée.

·        L'allusion : Elle est la forme la moins explicite et la moins littérale. C'est un énoncé dont la pleine intelligence suppose la perception par le lecteur d'un rapport entre le texte cible et un autre auquel renvoie nécessairement telle ou telle inflexion, autrement non recevable. L'allusion repose sur l'implicite et suppose que le lecteur comprenne qu'il s'agit d'un jeu de mots ou d'un clin d'œil.

 

3- Le rôle et le fonctionnement de l'intertextualité au niveau des genres

 

L'imitation des œuvres des écrivains de l'antiquité gréco-romaine a été au centre de l'esthétique des auteurs du XVIe siècle (renaissance, la Pléiade) et de ceux du XVIIe siècle (Racine, Corneille, La Fontaine, ...). Seulement, comme le dit La Fontaine, il ne s'agit pas d'un esclavage : « Mon imitation n'est pas esclavage », mais d'une reconnaissance de la qualité des Anciens et d'un désir de les dépasser. Pascal le conçoit ainsi : « L'imitation est une émulation. Qu'on ne dise pas que je n'ai rien dit de nouveau. La disposition des matières est nouvelle »

 

4- Stratégies de lecture

 

Pour lire un texte, le faire vivre, il faut donc l'ouvrir vers les autres textes dont il porte traces. Le lecteur averti doit savoir déceler ces autres textes, et lire l'intertextualité. C'est-à-dire rechercher comment un texte fait écho à d'autres textes implicitement   ou   explicitement,   par   allusion,   citation, transformation. Dans sa lecture, il recherchera les rapports que le texte entretient avec d'autres textes (emprunts, sources, ...). La comparaison entre le texte cible et les autres textes conduisent à saisir la spécificité du texte étudié et l'originalité de la mise en œuvre du thème présenté.

 

Il est donc souhaitable, sinon nécessaire de connaître un grand nombre de textes pour avoir des points de repères et pouvoir .apprécier le traitement particulier d'un thème dans un texte donné.

 

 

Circonscription de Seddouk

Séminaire du mois de décembre 2007



08/04/2009
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